Avec le Fonds bleu pour le bassin du Congo, les États d’Afrique centrale veulent lutter contre les changements climatiques. Financement, mode de fonctionnement, les défis sont immenses.
Deuxième poumon écologique du monde
Le Fonds bleu pour le bassin du Congo, deuxième poumon écologique du monde après l’Amazonie, a pour objectif d’impulser l’économie circulaire et de rendre les pays moins dépendants des ressources forestières. Son besoin de financement est évalué à 3 milliards d’euros, qui doivent être mobilisés par les pays signataires et des partenaires internationaux. Le Fonds permettra de réaliser des projets hydroélectriques, de traitements des eaux ou d’irrigation des terres cultivables pour une meilleure gestion intégrée des eaux. Il est aussi question d’améliorer les 25 000 km de voies navigables et de développer la pêche.
À travers cette initiative, l’Afrique veut prendre sa part de responsabilité dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais certains observateurs craignent un effet d’annonce qui ne sera pas suivi de résultats concrets. “La perspective d’avoir un outil pour le développement durable venant d’Afrique est très bien. Nous ne devons plus dépendre des aides venant d’ailleurs”, affirme Daniel Koutia, économiste congolais très au fait des problématiques liés au développement durable. “Mais le problème, c’est qu’il y a eu déjà beaucoup d’initiatives dans la région qui n’ont pas abouti à des résultats concrets. Et les programmes se chevauchent”, affirme-t-il.
Un programme de plus ?
En effet, la préservation des ressources forestières du bassin du Congo figure déjà dans les activités de plusieurs instances intergouvernementales, comme la Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac), créée en 2005 et qui regroupe dix pays d’Afrique centrale. Un autre outil de mobilisation de financement pour la gestion des ressources du bassin, le Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale, a aussi été mis en place en 2014 et est hébergé au niveau de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale. Pour certains observateurs, le Fonds bleu ne serait-il donc pas l’initiative de trop ? “Quand j’entends certains critiquer déjà de l’intérieur et remettre en cause le bien-fondé de notre initiative, sous prétexte qu’il y aurait déjà d’autres fonds, je m’inquiète. Bien sûr, le Fonds bleu, comme tous les autres, se doit d’être opérationnel”, avait répondu en 2017, lors de la conférence extraordinaire de Brazzaville sur le Fonds bleu, Arlette Soudan-Nonault, la ministre congolaise du Tourisme et de l’Environnement.
Pour Dimitri M’foumou-titi, président congolais de l’Association développement relations Nord-Sud (ADNRS) qui prône un développement de l’économie solidaire sur le continent, “ce n’est pas une initiative de trop. Nous, associations de société civile, accueillons très bien ce nouvel outil de financement. Et d’ailleurs, le président Denis Sassou-Nguesso a convaincu ses pairs. Il y a eu une première étape au Maroc en 2016. Cette année, la commission va être mise en place. Nous voyons bien qu’il y a une suite. Cependant, nous devons être lucides et voir si les fonds qui seront mobilisés, seront utilisés à bon escient. Les associations doivent être aussi impliquées. Parce que c’est nous qui avons les expertises”, explique Dimitri M’foumou-titi.
Le financement du Fonds bleu reste un défi, a reconnu, lui-même, le président congolais Denis Sassou-Nguesso lors de la conférence de dimanche. “Le financement du Fonds bleu pour le Bassin du Congo constitue le défi majeur à sa mise en œuvre. Nous devons ainsi innover et créer des mécanismes qui identifieront et mobiliseront les ressources financières. Il nous faut convaincre les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, publics ou privés.” Avec ses 220 millions d’hectares de forêts, le bassin du Congo est aussi un important puits de carbone. Mais il est menacé par la déforestation dû à la production de l’huile de palme ainsi qu’à l’exploitation du bois.
Sources: http://www.france24.com/fr/20180430-fonds-bleu-bassin-congo-afrique-lutte-contre-rechauffement-climatique-environnement